Marjie’s DreamPop Orchestra, le fameux lapin blanc fait dans la nouveauté
Toujours aussi fusionnels et talentueux, le duo Marjie’s DreamPop Orchestra signe son retour à l’Oreille Cassée pour un concert le 17 novembre en compagnie du groupe Petite Nao’. C’est lors d’un jour de résidence en prévision du fameux grand jour que No Comment a eu l’occasion de les interviewer.
Aucune lumière naturelle ne filtre dans la salle de concert de l’Oreille Cassée. Mélange de câbles et d’instruments, la scène constitue un joyeux fouillis où création et vitalité se croisent. L’atmosphère est plutôt aux rires et aux sourires plutôt qu’à l’angoisse et au trac. Marjie et Manu entourent une petite table ronde et métallique tandis que leur déjeuner du midi de la boulangerie d’à côté trône près d’eux, attendant d’être dévoré.
La résidence paraît se passer en toute sérénité comme si la MJC l’Oreille Cassée était un endroit familier ; sans doute une seconde maison pour ces artistes Combs-la-villais. Sérénité n’étant pas synonyme de détente, le duo confirme qu’il est impatient d’être au concert du 17 novembre afin de présenter les nouveaux titres et les nouveaux arrangements sur lesquels ils ont travaillé avec acharnement. Nous n’hésitons pas à leur dire que nous aussi, à l’Oreille Cassée, on a très hâte d’entendre ça sur scène.
Tout d’abord, pouvez-vous présenter votre groupe rapidement ?
Marjie — Alors nous on est le Marjie’s DreamPop Orchestra ; donc « Marjie » est tiré de Marjorie et de Manu. Dans le groupe, je compose à la guitare et j’écris les paroles. Ensuite, Manu prend la chanson et fait les arrangements. Il commence donc par la guitare et ensuite avec de la musique assistée par ordinateur.
Là, on arrive un peu à une transition ; c’est-à-dire qu’on va faire un peu l’inverse. Il va créer les instru’ et je vais continuer à écrire les paroles et à créer la mélodie de chant. Donc ce système est nouveau pour nous. Pour l’instant, on en a créé (hésitation)…trois nouvelles. Sinon dans le style, on est plutôt dans de la pop française.
Comment décririez-vous votre univers ? Votre direction artistique ? Par exemple, on voit souvent des lapins dans vos visuels.
Manu (silence) — C’est difficile ça… (rires)
Marjie — Bon alors déjà les lapins…les lapins c’est tiré de mon animal totem. On dirait que depuis toute jeunette, le lapin vient à moi ou je viens au lapin, je ne sais pas…(rires). En tout cas, voilà, je considère que le lapin est un peu cet animal qui m’inspire, qui me représente. C’est aussi parce que j’en ai eu un aussi, une femelle, qui m’a beaucoup apporté dans ma petite vie étant jeune. Puis y’a aussi un film que j’aime beaucoup, qui s’appelle le Sacré Graal ! de Monty Python ; dedans il y a un lapin qui est assez dévoreur… (s’interrompt pour rire)
Marjie — … qui sort d’une grotte pour attaquer parce qu’il protège le graal en fait. Donc j’sais pas, j’aime beaucoup ce lapin dedans. Y’a également une chanson très connue des Jefferson Airplane qui s’appelle « White Rabbit » et qui est un peu tirée d’Alice au pays des merveilles.
Puis c’est vrai que petite aussi j’aimais beaucoup Alice au pays des merveilles. Donc voilà, tout est lié à ce lapin !
Manu — C’est vraiment au niveau du visuel que c’est très présent. Le lapin faisait d’abord partie d’un premier clip qu’on a fait, à l’époque nos chansons étaient encore en anglais. Le titre s’appelle « Funny Rabbit ». On a tourné quelque chose autour d’Alice au pays des merveilles justement. C’est à partir de là que le masque de lapin est apparu et qu’il est resté dans à peu près tous les clips qu’on a fait, dans les visuels, et tout.
Donc ça c’est au niveau de l’univers visuel, après musical…c’est un mélange de…(échange de regards avec Marjie)…en fait je sais pas trop. Nous on a des influences, des choses qu’on a écouté par le passé, qu’on écoute aujourd’hui et j’imagine que ça peut se retrouver dedans ou pas, plus ou moins. On écoute beaucoup de choses très variées donc après ça donne ça.
Le processus créatif pour créer de nouvelles musiques, ça se déroule comment en général ?
Marjie — Au début, c’est beaucoup moi qui vais prendre la guitare puis qui vais faire quelque chose avec…
Manu (il la complète) — … avec ce qui vient ?
Marjie — Oui voilà, avec ce qui vient ! (sourire) Alors souvent, c’est parce qu’il va y avoir quelque chose qui se déclenche aussi émotionnellement dans la vie ; souvent c’est le cœur brisé, donc je vais me réfugier derrière mon instrument et puis là je vais sortir quelque chose.
Souvent, je me dis bon ! On va enregistrer parce que ça m’a l’air pas mal du tout ! (rires) Donc on enregistre quelque chose et majoritairement, c’est du yaourt, juste une mélodie ; y’a pas forcément de mots qui sont posés. Il peut y avoir des choses mais en général l’écriture va venir après. Et là comme on a dit précédemment, on se retrouve dorénavant avec l’inverse où Manu va créer un univers musical et moi je vais m’en inspirer pour écrire.
C’est quoi le plus important pour vous dans le fait de créer de la musique ?
Manu — En tout cas, c’est un besoin. Moi, dès que je peux aller devant mon ordinateur pour créer ou aller prendre ma guitare pour jouer…’fin voilà, c’est vraiment un truc vital.
Marjie — Le plus important, c’est le lâcher-prise. C’est…pouvoir s’exprimer et se libérer de ce qu’on ressent, de ce qu’il y a à l’intérieur de nous. Tout comme quand on est spectateur et qu’on écoute de la musique, c’est pour se faire du bien ; c’est pour ressentir des choses.
Manu — Oui, c’est penser à autre chose, sortir du quotidien !
Qu’est-ce que vous voulez transmettre avec votre musique ?
Manu — Des frissons (rires), des larmes ?
Marjie — Des frissons, des larmes, de la joie…ouais, toucher les gens. Après on n’a pas vraiment, nous, de morale ou de messages à transmettre. Il y a quelques textes qui peuvent être inspirés sur ce qui arrive en ce moment avec l’environnement par exemple mais c’est pas des messages moralisateurs. C’est vraiment plus des messages positifs qui signifient que dans tous les cas, peu importe ce qui se passe, il faut aller de l’avant, il faut continuer et sourire à la vie. Le plus important au final, c’est d’être entouré des gens qu’on aime.
C’est quoi vos titres préférés parmi ceux que vous avez créés et pourquoi ?
Manu — En ce moment, moi j’aime bien les dernières parce qu’elles sont nouvelles parmi d’autres qu’on a déjà joué. C’est comme un nouveau jouet, t’es content de la jouer par rapport aux autres où on a plus l’habitude. Sinon, j’ai pas vraiment de préféré.
Marjie — Là, comme ça, tout à l’heure en interprétant une des dernières qui est « À travers » — qui est la dernière que j’ai écrite et même composée à la guitare (dont Manu a fait l’arrangement), que j’ai écrite en pensant à mon petit bébé — tout à l’heure, je me suis faite un peu chialer en l’interprétant (rires). J’étais hyper à fond ! Je pense que c’est celle-ci du coup ma préférée.
Quel titre vous avez hâte de jouer sur scène ?
Manu — Oh, c’est difficile ! Avec les arrangements, on n’en pas trop fait certaines. Y’en a que j’ai hâte d’aller tester comme ça. Par exemple, il y a « Je tourne » qui est rythmée et qui a un joli refrain je trouve. (rires) En fait, j’ai tout envie de jouer, de faire découvrir aux gens quoi !
On a un concert le 17 Novembre à l’Oreille Cassée et c’est la troisième fois seulement qu’on va jouer avec les arrangements. On
est habitués à jouer avec les acoustiques, guitare-voix et plutôt dans des cafés, des restaurants, des pubs. Donc là c’est différent, c’est des arrangements. Et c’est vrai qu’on joue beaucoup des reprises en général parmi nos morceaux parce que les gens dans les cafés par exemple, c’est ce qui plait et qui touche les gens. Là, ça va être nos chansons et des nouvelles chansons aussi !
Sur scène, y’a-t-il un titre que vous préférez jouer ensemble ?
Marjie — En vrai, dans le jeu scénique, « Je tourne » peut vraiment être sympa à présenter. On s’amuse quoi ! Comme on est un couple, on ne va pas le cacher hein, on est pas des grandes stars d’Hollywood et on s’appelle « mammour » devant tout le monde : c’est aussi ça qu’on veut montrer sur scène, transmettre. On reste encore un peu à se tâter parce qu’on a quand même une pudeur (rires) !
Mais on nous l’a souvent dit quand on était encore à l’acoustique qu’on était trop mignons sur scène, on voit que y’a un lien fort et ça qu’importe les morceaux. C’est pour ça que y’en a pas un en particulier que je préfère qu’on joue ensemble, c’est un tout !
Vous êtes récemment passés de l’anglais au français dans vos chansons, pourquoi ce choix ?
Marjie — C’est un jour où on a joué dans un bar à Saint-Germain- en-Laye et là, le gérant du lieu discute avec nous puis nous demande : « Mais euh…les loulous, ça vous dit pas de faire du français ? ». Et ça fait tilt parce que quelques mois avant aussi, on a fait une formation. Là-bas, les formateurs expliquaient que pour trouver un label, ici, en France, il fallait écrire en français parce qu’on est des artistes français ! C’est ça qui va le plus intéresser les labels plutôt que les titres anglais.
À cette époque là, on faisait tout en anglais jusqu’à ce qu’il y ait le confinement avec la période COVID. De là, on a eu le temps de se poser et de reprendre les textes pour les faire en français.
Manu — Tu l’as pas expliqué, mais t’as toujours eu l’habitude d’écrire en anglais parce que c’est comme ça que tu le sentais . Tu ne pensais même pas à écrire en français ou d’être capable de le faire.
Marjie — Non, c’est vrai.
Manu — En plus, on avait déjà joué une première fois ensemble dans une formation avec un ancien groupe que j’avais rejoins pour jouer à la basse pendant des concerts. On avait commencé à créer des morceaux et à faire une première tentative en français comme ça, à l’époque ; avant qu’on se soit rencontré avec le gérant. Et moi j’avais dit que je trouvais que ta voix passait très bien en français et que c’était pas évident parce que pour certaines personnes chanter en français ça passe pas quoi. Je trouvais que français-anglais, ça le faisait bien.
Donc voilà, elle l’a fait, elle a écrit. Y’a eu ce temps de confinement qui a permis beaucoup aussi et où les chansons ont été reprises au niveau du texte et parfois complètement. Donc voilà, on s’est dit : « ça le fait
quoi ! ».
Marjie, ton aisance à écrire en anglais est liée à quoi à l’origine ?
Marjie — D’abord je pense que c’est simplement parce que j’ai toujours écouté de la musique anglophone. La musique française, j’y suis pas spécifiquement attachée. A part Gainsbourg, que j’apprécie beaucoup ! Forcément, comme j’avais cette référence, je ne me sentais pas trop d’écrire en français. Il y a aussi Brel que j’apprécie énormément. En dehors de ça, j’était pas le genre de nénettes à écouter du rock français, ça m’atteignait pas trop.
Puis après j’ai voyagé aussi en Nouvelle-Zélande pendant un an et en Australie pendant un an également donc ça a accentué ma facilité à m’exprimer et à écrire en anglais. Bon après, j’ai pas forcément un super accent non plus ! Donc c’est vrai que quand je me suis tournée vers le français, c’était plus facile parce que c’est ma langue maternelle ; y’avait pas forcément d’efforts à fournir dans la prononciation. Je ne me vente pas hein mais quand j’ai commencé à écrire en français, je me suis dit : « ça va, je me débrouille pas trop mal » ! (rires)
Quel est votre projet principal en ce moment ?
Manu — On est sur dix-mille trucs en même temps (rires). Là, évidemment, y’à ce projet de concert qui est important parce qu’on a les arrangements et les nouveaux morceaux à présenter. On a aussi sortis deux titres récemment.
Marjie— Oui, un EP physique va sortir avec quatre de nos titres sortis récemment.
Manu — Et y’a un clip qui a été commencé aussi et qu’il faut terminer. C’est un clip pour un des derniers titres. : « Malin Petit Lapin ». Donc ça, c’est le gros projet parce que c’est du boulot. Tout est prêt au niveau de l’écriture et du déroulé, il manque plus que de le filmer, de le monter…
Vous pensez le sortir pour quand ce clip ?
Manu — Ah bah le plus vite possible ! Le problème, c’est le temps qui manque. Marjie et moi, on travaille tous les deux, ça prend du temps. Il y a aussi notre petit bébé…mais dès qu’on peut, dès qu’il y a du temps qui se libère, il faut qu’on attaque ça !
Bientôt un concert avec la MJC l’Oreille Cassée et ce n’est pas le premier que vous y faites. Quel est votre lien avec ce lieu ?
Manu — Moi, déjà, j’ai un très long lien avec la MJC l’Oreille Cassée. J’ai commencé à venir ici, j’étais encore qu’au lycée et c’était d’abord pour voir les concerts. Après j’ai été bénévole, de l’autre côté de ce bar
(pointe le bar de la salle de concert).
Enfin, j’y ai travaillé 1 an et demi sur le secteur musique. J’ai même repeins en noir la salle, même s’ils ont dû y remettre un couche depuis ! Avant les murs étaient tout clair, je suis resté toute la nuit pour repeindre. J’y ai aussi fait des concerts avec différents groupes avant qu’on joue ensemble avec Marjie. J’ai plein de choses qui se sont passées ici, c’est comme la maison quoi !
Manu — Ah bah ouais ! (rires)
Marjie — Puis on habite à Combs ! donc déjà, c’est vrai que ça facilite pour venir ici répéter. Comme tu dis, c’est notre maison. Après, moi, j’ai fait mon tout premier concert ici. Je ne sais plus comment d’ailleurs, si c’était moi qui avait fait le lien ou un des membres de mon groupe de l’époque qui connaissait et qui nous avait introduit. Y’a aussi mon petit frère, Jeffrey, qui est venu à la MJC en tant que bénévole et qui répétait aussi ici ; lui aussi était bien ancré là. J’ai fait du théâtre également ici quand j’étais au collège. Du coup c’est vrai que petite, j’avais déjà ce lien là.
Manu — Puis là, le lien qu’on a aussi actuellement, c’est Gregor.
Marjie — Il nous accompagne, c’est vrai.
Manu — Depuis qu’on a commencé à jouer ensemble, il nous soutient.
Marjie — Ouais, c’est vraiment un bon suivi artistique.
Dernière question, où est-ce que vous vous voyez dans trois ans ?
Marjie (chantonne) — En haut de l’affiche ! (rire)
Manu — Dans trois ans, j’aimerais bien qu’on puisse arrêter de travailler. Je le disais encore ce matin : « Si on ne faisait que ça, on pourrait avancer et progresser. Parce que le temps qu’on passe au boulot, c’est du temps qu’on fait pas avec la musique et c’est du temps perdu ! »
Le boulot, c’est vrai, ça fait vivre mais c’est pas pareil. Le rêve, ça serait que dans trois ans, on puisse en faire nos vies ; évidemment à notre niveau, mais qu’au moins je puisse toucher le même salaire que mon boulot dans l’animation en faisant de la musique. C’est se donner les moyens d’ici trois ans, que ce soit avec notre musique ou en tournant en faisant des reprises : que ça soit un mix de tout. Puis évidemment, le gros projet qu’on a là, en dehors du clip, c’est l’album. On en a jamais fait. D’ici trois ans, c’est aussi l’objectif d’en sortir un pour le jouer.
Marjie — Puis là j’ai postulé pour pas mal de tremplins aussi, pour avoir un accompagnement professionnel qui débouche sur des festivals, des concerts dans des salles spécifiques, des premières parties,
tout ça. Cette année c’est la première fois qu’on postule à des tremplins.
J’espère qu’un d’eux va peut-être sortir du lot et faire avancer notre
projet parce que c’est clair que tout seul, on peut pas. Il faut forcément
quelqu’un d’extérieur qui soit dans ce milieu là, qui puisse nous
propulser et aider à ce que ça fonctionne. C’est clair qu’à notre niveau, à notre échelle, on touche autour de nous mais pour qu’il y ait une ampleur plus grande, c’est ça qu’il nous faut.
Toutes ces informations n’ont pas manquée de nous rendre impatients pour le concert du 17 novembre chez No Comment ! Ce fut un plaisir d’interviewer Marjie’s DreamPop Orchestra, qui ont été très chaleureux et patients tout au long de nos questions. Merci à eux !