Top musical de l’équipe de l’Oreille Cassée #3

14 mai 2020 Non Par adminOKC

Etant un boulimique, et insatiable consommateur de musique, j’ai dû puiser au fond du fond de mon cœur pour vous présenter ces cinq albums que je considère
vraiment important pour ces 15 dernières années, dans les différentes sphères d’où ces œuvres ont émergé. Je vais malheureusement restreindre mon top à quelques genres de musique bien distincts, styles qui font entièrement partie de mon identité musicale. Sans plus tarder, let’s go :

1 – As Cities Burn – Come Now Sleep

Bon, je ne vais pas être objectif avec cet album, car il représente une part de ma vie. Et ce groupe en particulier possède cette aura si spéciale, que j’aurais vraiment du mal à vous la retranscrire sur papier.
 » Son I loved you ar your Darkest  » , leur premier album sorti en 2005, a réussi à placer ce petit groupe de Louisiane sur la carte des groupes de Post Hardcore à suivre de très près. Quelques années à courir de salles en salles pour se promouvoir, puis le groupe décide de faire le point et l’un des chanteurs décide de quitter le navire pour s’investir dans un autre domaine.
Une mauvaise nouvelle s’accompagne toujours d’une seconde, l’un des proches amis du groupe décède sur la même période. Autant vous dire que le moment n’était pas propice à l’écriture d’un nouvel album, mais vous êtes déjà spoilés à la vue du titre de l’album !
En effet, le groupe s’est totalement immergé dans ces moments de grâce pour aboutir à ce chef d’oeuvre. C’est cette triste palpable qui fait que ce second opus arrive à diffuser son pouvoir cathartique. Cette oeuvre est un deuil, un hommage à cet ami perdu, c’est une douleur qui se transforme en endorphine, pour en sortir meilleur. Je vous invite vraiment à écouter l’album dans son ensemble pour profiter de l’expérience de façon optimale.

Pour les fans de : Touché Amoré, Everley 
 ▶  https://www.youtube.com/watch?v=b1G19l4SLPk&list=PL6AF7D59512B6A8AB

2 – Underoath – Define The Great Line
Ahhh ( soupir ), encore un album qui a une grande place dans mon coeur. Underoath a ce coté culte pour moi car il a été le moteur d’une scène, à cheval sur le multiples générations de groupes qui ont apporté de nouvelles formes au Post Hardcore américain. Underoath ont toujours su se réinventer et rester pertinents malgré les années. Je souhaitais vous présenter leur 5eme album, tournant majeur dans leur carrière, le bien nommé  » Define the great line « . C’est un album qui a accompagné la fin de mon adolescente et qui m’a permis de m’intéresser à cette affluence massive de groupes américains, tous chauds tous neufs, qui sont apparus à cette époque.
Grâce à ce chef d’oeuvre, Underoath s’est trouvé une version plus mâture, plus sombre, je dirais même plus spirituelle.
Ce disque respire la foi, suinte de mélancolie et oscille habillement entre des moments torturés et distordus et de longes plages mélodiques qui nous prennent aux tripes. Accompagnés par des refrains super catchy, distribués avec adresse par le chanteur / batteur Aaron Gillepsie, seul membre fondateur du groupe sur cet album . Underoath a pris de multiples formes, jusqu’à leur reformation en 2018 et je pense que leur discographie versatile pourrait vous surprendre.
Bref, un album que je vous conseille d’écouter d’urgence !

Pour les fans de : Stories , The Overseer
  ▶  https://www.youtube.com/watch?v=7vRIm_wDXr4&list=PL52862682CFA41AF0

3 – The Contortionist – Exoplanet
J’ai découvert le deathcore en 2006/2007 avec le tube « Unanswered » de Suicide Silence, référence absolue du genre et ma vie n’a plus été la même depuis.
Mélange de death metal et de metalcore, le style a réussi à concilier 2 courants très distincts qui ne se croisaient jamais dans les années 90, le metal extrême et le punk hardore. Deux publics qui défendaient coeurs et âmes leur allégeance à l’un et l’autre. Autant vous dire que lorsque les premiers groupes de crossover sont arrivés, à la fin des années 80 en proposant le meilleur des deux mondes, quelques dents ont grincé et des gens sont sortis brandir des torches pour manifester leur mécontentement. L’histoire s’est répétée avec le metalcore et le deathcore et chacun continue de défendre son bout de gras sous la maxime du  » c’était mieux avant  » . Là où Expolanet ,le premier album, intervient, c’est pour proposer une alternative à ce qu’All Shall Perish, As Blood Runs Black et Suicide Silence ont amenés et ce que l’on a appelé deathcore pendant quelques années.
Le deathcore progressif a pris son envol avec ce mastodonte et cet album vous en fera voir de toutes les couleurs.
Je ne vais pas m’attarder sur l’album an tant que tel, mais sur ce que The Contortionist ont réussi à proposer jusqu’à maintenant : une perpétuelle réinvention des genres.
Ce n’est pas un groupe qui se pose la question de savoir si ce qu’il fait correspond aux strandards des gens qu’il emprunte. Non, mieux, il propose sa vision, ses propres codes.
C’est comme ça que l’on peut arriver à un nouveau chef d’oeuvre comme language ou encore, au plus récent effort clairvoyant.
Ne vous laissez pas impressionner par la forme brute de cet album, le groupe a encore énormément de choses à vous proposer dans leur catalogue.

Pour les fans de : Aegaeon, Aristeia, The Romm Colored Charlatan
 ▶  https://youtu.be/Ssps-ZKYdRA

4 – Isaiah Rashad – Cilvia Demo
Le label Top Dawg, porté par la figure de proue Kendrick Lamar nous propose depuis des années un florilège d’artistes excellents comme Sir, Zacari, SZA, Ab-Soul, Jay Rock, Schoolboy-Q, et bien sûr Isaiah Rashad, dont je souhaite maintenant vous parler.
Si j’avais fait cet article il y a plus d’un an, j’aurais probablement choisi  » The sun’s tirade  » de monsieur Rashad, mais j’ai changé aujourd’hui aux vues de mon amour inconditionnel pour sa première mixtage / album « Cilvia Demo » , oeuvre difficile à nommer tant elle représente les ébauches de l’artiste.
Rien que sur la cover on retrouve plusieurs noms qui auraient dû servir de titre à l’oeuvre, barrés et rayés de parts en parts.
Du long de cette longue série de tubes rap qui puisent autant dans le répertoire hip hop américain ainsi que dans des influences Néo soul, RnB et parfois House, Cilvia Demo nous plonge dans la vie désabusée d’Isaiah Rashad, qui exprime avec une nonchalance teintée d’amertume et ses désillusions d’adulte et ses nouvelles responsabilités. En effet, il vient d’avoir un fils dont il doit s’occuper alors qu’il ne gagne pas un sou avec sa musique. Dans ses ébauches il exprime son blues et expose ses blessures ainsi que son manque de spiritualité à travers ses morceaux.
J’ai choisi de mettre en avant cet album dans mon top, car c’est un album qui communique énormément avec ma situation actuelle et je me retrouve trait pour trait dans les bottes de Rashad ( un enfant a charge en moins) même si je considère déjà mon activité musicale comme une charge lourde de responsabilités (mais ça, c’est une autre histoire).
A chaque fois que j’écoute cet album, je me sens bien, j’ai vraiment du mal à me lasser de ces morceaux et si l’album avait été pressé sur disque, il en aurait perdu son émail.

Pour les fans de : Mick Jenkins, SZA
 ▶  https://youtu.be/yCsAbEI9Ma8

 5 – The Red Shore – Unconsecrated
Nombreux considèrent cet album des Australiens de The Red Shore comme du deathcore, je nuancerais leur propos en donnant mon avis là dessus.
Sérieusement, après avoir écouté le morceau d’introduction  » garden of Impurity » comment pouvez douter une seconde, d’avoir en face de vous un album de Death metal pur et dur, froid et incisif.
La confusion peut être expliquée par le fait que le groupe évoluait dans la sphère metal extrême australienne en compagnie des légendaires Thy Art is Murder qui proposaient aussi un death metal beaucoup plus pointu à leur début et à fortiori ont donnés le ton à toute une nouvelle vague Deathcore qui allait émerger à la sortie de leur album « Hate » mais je m’égare car nous parlons bien d’Unconsecrated, second album de The Red Shore.
La musique parle d’elle même, sans concession, brute, rapide et froide.
Ca va droit au but, tout en finesse. Ce groupe par son enrobage deathcore, m’a fait découvrir en réalité un death metal technique qui m’a servi de passerelle vers des artistes comme Suffocation ou Cannibal Corpse, des grands pontes du genre.
Rien de plus à en dire, l’album se résume à lui même.

Pour les fans de : The Last Felony, Diskreet
▶  https://youtu.be/3fbJ7nMY-f8

6 – Pro Era – PEEP : TheAPROcalypse
J’adore New York, pour tout cet héritage musical, dur et froid.
Pour sa scène death metal, punk hardcore, mais plus spécifiquement pour son hiphop lyrical et premier degré.
On a pu voir depuis la fin des années 80, une multitude de crews en provenance de la grande pomme (big apple) comme Onyx, Wu Tang, the Roots, Mobb Deep, pour ne citer qu’eux … mais qu’en est-il de la relève ?
La nouvelle génération n’est pas en reste, avec l’émergence du du A$AP Mob, The Underarchievers, Flatbush Zombies et les talentueux Pro Era.

Portés par Joey Bada$$, CJ Fly, Capital Steez (RIP), Kirk Knight, Chuch Strangers, Dirty Sanchez et tant d’autres, le crew a réussi à remettre sur la carte de nouveaux MC talentueux proposant un boom-bap aux rimes acérés et à la technique irréprochable . Un miroir de cette nouvelle génération de gosses qui ont grandis dans les années 90 et qui ont digéré toutes ces influences amenées durant leur plus tendre enfance. Grandir dans cet environnement gris, baigné dans ce brassage de cultures musicales ne peut que déboucher sur des oeuvres riches et rafraîchissantes.
Cette mixtape, c’est un peu la réponse de ma génération à celles de nos aînés, c’est arriver à faire du bon avec du vieux, le tout en touchant de nouvelles génération. Je me suis senti représenté par Joey, CJ Steez et leur clique et c’est en partie grâce à eux que je fais du hip hop aujourd’hui. Merci les gars.

 Pour les fans de : Joey Bada$$, Army Of The Pharaoh, Jedi Mind Tricks,
Appolo Brown et tous les crews boom bap des années 90′
 ▶  https://www.youtube.com/watch?v=LzLEX1M2BU0

7 – City Morgue – As good As Dead
Je profite de ce petit détour à New York pour capter la nouvelle génération. Comme je l’ai dis plus tôt, cette ville est un bacille de talents et les City Morgue ne déroguent pas à la règle.
As Good As Dead leur second opus, n’est pas un album qui fait parti de moi, du point de vu sentimental, bien trop récent pour avoir aidé à ma construction musicale.
Cependant j’ai décidé de l’inclure dans ce top, car pour moi il représente une étape importante dans l’hybridation du rap d’aujourd’hui.
Ce qu’il y a de bien à être la musique la plus écoutée dans le monde, c’est qu’on devient par défaut la nouvelle pop.
C’est à dire qu’aujourd’hui son amplitude est tellement vaste que n’importe qui peut emprunter dans son héritage pour créer un courant ou une nouvelle forme s’inscrivant dans les grands courants du hip-hop. Mais le plus intéressant pour moi, c’est de voir se matérialiser deux courants ayant les mêmes thèmes et énergies, qui ont grandit et évolués dans la même ville et qui portent les mêmes casquettes, mais qui appartiennent à deux racines distinctes, le blues et de l’autre coté la soul. Je parle là, de punk hardcore new yorkais et du boom bap new yorkais.
Styles ayant déjà eu auparavant des points de contact avec des collaborations comme Onyx sur un morceau de Biohazard mais qui restaient quand même très ancrés dans leur format. Alors qu’aujourd’hui, nous aboutissons à de nombreuses chimères et expérimentations du rap, qui mènent inéluctablement à une mutation et un mélange, que City Morgue représente parfaitement.
A l’écoute de ce duo, on se rend compte de l’héritage de New York, c’est à dire que Zillakami et Sos Mula, les deux MC’S rappent dur et découpent comme à l’ancienne en baignant aussi dans des sonorités plus punk, plus hardcore et même plus metal. Il n’y a pas que cela bien-sûr mais ces deux acolytes arrivent à hybrider leur rap avec tout ce spectre d’influences tout en restant originaux.
Pour moi c’est la matérialisation d’une hybridation de longue haleine. On pouvait déjà voir ce genre de mélanges, venant des groupes issus de la scène punk hardcore montrant leur amour et intérêt pour le hip hop, comme par exemple Downset.
C’est également le cas aujourd’hui avec UnityTX ou Stray From The Path, groupes qui puisent énormément dans ces hybridations.
J’en viens au point où, pour la nouvelle génération de kids, nous avons City Morgue qui porte cet héritage et qui prouve que c’est possible de le faire en gardant l’intégrité et la pertinence des deux milieux.
Gardez votre coeur accroché et allez jeter une oreille à ces deux barjots.

Pour les fans de : Nascar Aloe, H09909
 ▶  https://youtu.be/MkY5V61ipjc

8 – Night Lovell – Red Teenage Melody
Pour finir ce long monologue, je voulais traiter de mon amour pour cette nouvelle génération qui évolue aujourd’hui dans le rap et qu’on appelle maintenant l’underground.
L’underground dans tous les styles c’est récurent, j’ai l’impression. Mais celui-ci a trouvé sa voie, son image et sa plateforme sur internet.
Ils répondent à l’insatiable envie de créer.
On a pu voir émerger de cette bulle de nombreuses figures comme XXXtentacion, Denzel Curry, Lil Pump, Plaiboi Carti ou encore Lil peep.
Cependant ce n’est que la partie émergée de l’iceberg, car dans leur traînée il y a une pelletée d’artistes tous les plus talentueux les uns que les autres.
J’aurais du mal à rester objectif sur ce sujet et j’essaie au maximum de synthétiser et de grossier le trait pour arriver à vous faire comprendre les milieux dans lesquels j’évolue depuis plusieurs années.
Venons-en au fait, lorsque j’ai commencé à vouloir me lancer dans le rap, cela m’a donné conscience du fait que je pouvais moi aussi avoir mon mot à dire dans ce nouvel essaim d’artistes, comme Bones ou Suicideboys qui proposaient une version alternative du rap moderne en y incluant des influences de toutes parts et en se permettant d’explorer de nouveaux formats et styles en une même oeuvre qui m’a tout simplement fasciné. Et l’un des artistes qui m’a poussé à m’investir davantage dans mon personnage nouvellement créé « Salem », a été Night lovell, jeune MJC canadien originaire de Toronto.
Je ne decrirais pas sa musique, ni pourquoi elle a été un marqueur et une influence pour ma musique car le sujet n’est pas là , mais je pense que Lovell réussi à synthétiser habillement cette nouvelle génération en y incluant cette dose d’originalité et de liberté tout en laissant la porte ouverte à un public beaucoup plus large et non initié.
C’est une grande force que d’arriver à ingurgiter et digérer les codes d’une scène en ébullition tout en y ajoutant sa propre identité et le tout en la rendant super accessible.

Pour les fans de : Bones, Synyr, Corbin.
  ▶  https://youtu.be/aSmfS8e3BDI

Je conclurai ce top en vous remerciant d’avoir pris le temps de lui accorder votre attention. Il est somme tout assez personnel, mais j’espère vous avoir donné un éventail d’artistes et d’univers à découvrir et à écouter !

Par Clément Simiand,
Service civique à l’Oreille Cassée